La manifestation « Art dans la ville », à Saint-Etienne en 2002, avait pour thème : « exhibition ».

Le chariot de supermarché est une des icônes de la société actuelle. On l’associe immédiatement à la consommation. Dans les grandes surfaces, on chemine entre les gondoles «exhibant» une multitude de produits et d’articles. On y croise aussi de nombreuses personnes, parfois connues, souvent inconnues. Et chacun, par le choix des articles qu’il réunit dans son chariot, (des plus banals aux plus intimes), fournit aux yeux des autres nombre d’indices sur ses goûts, ses habitudes, sa façon de vivre, son statut social ou encore ses moyens financiers. N’est-ce pas alors un peu «s’exhiber» que de pousser devant soi autant de détails révélateurs de sa vie, de son identité, que les grilles du chariot n’essaient même pas de masquer ?

C’est sans y penser que l’on s’inscrit dans dans cette société, où le progrès nous dicte certaines manières de nous révéler.

L’idée est alors de conduire jusqu’à l’absurde cette notion de progrès :

Pour s’épargner la peine de pousser le caddie, imaginons de le motoriser.

Une amélioration notable … sauf qu’une fois installé, le moteur rend impossible le transport de la moindre marchandise, faisant du chariot un objet parfaitement inutile. Cette inutilité est revendiquée, puisque c’est en perdant toute fonction évidente que le chariot s’expose à nous sous un jour nouveau.

Ainsi, en même temps qu’il « exhibe» sa mécanique, il amène le spectateur à une méditation sur le progrès et la consommation, et leur propose un regard distant et amusé sur ces thèmes.

A voir aussi, les gravures qui étaient présentées lors de la même exposition : ici.

Illustration de cette image du caddie, voici un passage d’un roman d’Alain de Botton :  » Portrait d’une jeune fille anglaise »